Il y a plusieurs gens qui étaient excités de voir la nouvelle de cette semaine (c’est comprenable vu nos prix ahurissants de billets d’avion au Québec), soit celle des vols à rabais annoncés à partir de l’aéroport Montréal—St-Hubert vers la Floride à bord de la compagnie aérienne ultra low-cost Jetlines.
On espère sincèrement que ça se concrétise, pour qu’on puisse te partager encore plus de bons prix sur nos pages de deals de vols pas chers… mais ne te réjouis pas trop vite de cette annonce (que je qualifierais même de fausse bonne nouvelle). Regarde d’abord les faits ci-dessous.
Je planifie justement un article très prochainement sur les réactions émotives faites sur le coup qui sont une vraie problématique, ça va venir et c’est en plein un exemple de ceci… mais pour aujourd’hui allons droit au sujet.
Ça tombe bien en fait, car plus tard dans la journée je vais m’entretenir en tête-à-tête avec les PDG de Jetlines, Swoop et Flair, les trois compagnies ultra low-cost canadiennes. J’ai bien hâte de leur poser des questions par rapport au Québec.
(je suis présentement au congrès international Routes Americas 2019 qui regroupe des dizaines de compagnies aériennes de partout dans le monde et de nombreux acteurs majeurs du monde de l’aviation: ne manque pas les articles à ce sujet bientôt directement sur le site, ou abonne-toi à notre infolettre gratuite pour ne rien manquer de nos deals et de notre contenu)
Voici les détails de la nouvelle, qu’il faut vraiment prendre avec un grain de sel puisque la compagnie aérienne en question… n’existe pas encore vraiment.
Je t’ai promis une vraie mauvaise nouvelle aussi, la voici: la compagnie ultra low-cost Norwegian, qui offrait de super prix de Montréal vers la Guadeloupe et la Martinique cet hiver, a annoncé hier qu’elle se retire des Antilles. On avait trouvé des vols aller-retours à 295$ quelques fois, mais plus souvent autour de 399$… mais bref, ça prendra fin en mars 2019.
La fausse bonne nouvelle en bref
Qu’est-ce qui a été annoncé exactement? Des vols de l’aéroport Montréal—St-Hubert vers la Floride, vers New York et même vers le Québec (avec la ville de Québec comme image), par la compagnie ultra low-cost Jetlines.
La nouvelle semble très prometteuse, surtout pour des amateurs de compagnies ultra low-cost comme nous. Mais l’annonce n’est vraiment pas aussi intéressante qu’elle en a l’air.
Soyons clair: on adore les compagnies ultra low-cost (ULCC), car c’est un modèle d’affaires qui rend le voyage plus accessible à tous, en faisant baisser le prix des billets d’avion dans tous les marchés où il est présent.
C’est grâce aux ULCC qu’on t’a partagé des prix comme Montréal-Paris pour 247$ aller-retour. J’ai pris des vols à 14$ aux États-Unis, des vols à 9€ en Europe (il y en avait à 1€ la semaine passée)… bref, les compagnies ultra low-cost sont géniales pour ceux qui, comme nous, veulent voyager plus.
J’ai pris une centaine de vols sur 15 ULCC différents, je les adore: là n’est pas la question. On a bien sûr très hâte qu’un ULCC canadien débarque enfin au Québec pour complémenter les ULCC internationaux déjà ici.
Mais malgré l’annonce d’hier, il est bien possible que Jetlines ne soit pas le premier ULCC à venir au Québec.
Pourquoi?
Puisqu’ils n’existent encore que sur papier (et sont en lancement depuis maintenant 3 ans, sans avoir pris possession d’un avion à ce jour) et parce que l’aéroport de Saint-Hubert n’a pas d’aérogare, pas de douanes et surtout pas de financement pour des douanes.
En une ligne: ça semble être un exercice de relations publiques (très habile par ailleurs, et ils font bien de le faire) qui fait bien du sens pour les deux acteurs: Saint-Hubert obtient du leverage pour faire avancer son dossier auprès du gouvernement et Jetlines continue de donner confiance à leurs investisseurs qu’ils vont un jour réellement se lancer.
La réalité c’est que c’est pas mal plus complexe que simplement annoncer qu’on lance des vols. Juste la notion des douanes, je suis personnellement bien au fait de la complexité réglementaire qui découle de la structure actuelle du réseau d’aéroports canadiens (relique d’il y a plusieurs années).
J’ai d’ailleurs croisé le ministre de la Sécurité frontalière Bill Blair par pur hasard à un événement à Terre-Neuve en novembre et je lui en ai parlé, et bref, ce n’est pas quelque chose qui se règle rapidement.
J’avais d’ailleurs été invité à l’émission de Paul Houde au 98,5 en tant qu’expert des ULCC pour en parler lors de l’annonce initiale en novembre, si ça t’intéresse d’entendre l’entrevue et en apprendre un peu plus.
Bref, ça c’était la version courte. Si tu veux beaucoup plus de détails, je te les donne tous ci-dessous si ça t’intéresse, mais je suis bien conscient que ce n’est pas tout le monde qui est aussi passionné de l’industrie de l’aviation que moi.
Alors si ce n’est pas ton cas, pour conclure: c’est un partenariat potentiel intéressant qui est loin d’être une mauvaise nouvelle, mais c’est également loin loin loin loin loin d’être concret à ce stade-ci, alors ne te fais pas trop d’espoirs inutilement pour l’instant (il est beaucoup trop tôt).
Mise en contexte ULCC
Avant de t’explique la situation en détail, voici où on en est avec les ULCC à Montréal et au Québec.
On en a déjà des ULCC internationaux à partir de Montréal vers l’Europe et d’autres ULCC vers la Floride à partir de l’aéroport secondaire de Plattsburgh (de l’autre côté de la frontière). Tu peux d’ailleurs voir la liste complète des liaisons ultra low-cost du Québec.
Jusqu’à tout récemment, il n’y avait pas de ULCC du tout au Canada (ce n’est d’ailleurs pas surprenant que le Canada soit un des pays les plus chers au monde pour les vols intérieurs).
Mais depuis cette année, il y a maintenant 2 ULCC canadiens en opération (Swoop et Flair) pour les vols intérieurs au Canada, vers les États-Unis et vers le Sud au départ du Canada. Mais aucun des deux ne dessert encore le Québec. Le troisième, Jetlines, travaille fort sur son lancement… mais n’a pas encore commencé la vente de billets.
Ce qui avait été annoncé en novembre
Ce qui a été annoncé, c’est un “partenariat” entre Jetlines et l’Aéroport de St-Hubert, sur la rive-sud de Montréal. Je met “partenariat” entre guillemets, car c’est ce qui a été utilisé et c’est volontairement vague comme mot.
Je n’ai évidemment pas vu l’entente, mais je parierais qu’il n’y a absolument rien de binding (contraignant) pour Jetlines là-dedans, c’est plutôt une lettre d’intention très générale qui ne les engage finalement à rien (et je vais expliquer pourquoi).
Les médias qui ont rapporté la nouvelle donnent l’impression que c’est un done deal, que c’est très officiel et que la compagnie s’en vient à Saint-Hubert… mais il ne faut pas se réjouir trop vite.
Premièrement, déjà quand on regarde le message de Jetlines sur les réseaux sociaux, c’est pas mal plus vague. «Nous sommes présentement en discussion», c’est pas mal moins concret (mais c’est plus près de la réalité).
Quand on lit le communiqué de presse officiel de Jetlines, on comprend rapidement que ce n’est vraiment pas une annonce concrète et que c’est en fait pas mal un exercice de relations publiques qui profite aux deux côtés.
Le fait est que l’Aéroport de St-Hubert a besoin de leverage pour convaincre le gouvernement fédéral de lui donner la désignation officielle d’aéroport. C’est d’ailleurs explicitement dit dans le communiqué que tout dépend de ça. Sans ça, pas de vols commerciaux… c’est vraiment dommage mais c’est un enjeu complexe et je n’entrerai pas dans tous les détails réglementaires.
J’espère honnêtement que ça va fonctionner et que le gouvernement va être ouvert à supporter Saint-Hubert, Trois-Rivières, Sherbrooke et les autres qui veulent la désignation officielle d’aéroport. Car ça prend absolument des alternatives et des aéroports secondaires pour les voyageurs du Québec (avoir plus de choix c’est toujours bon pour les consommateurs) parce que nos deux aéroports principaux actuels (Montréal et Québec) ont comme plan clair d’être des aéroports haut de gamme (avec les frais qui vont avec)… et les voyageurs devraient avoir plus d’options.
Bref, c’est un bon coup de l’Aéroport de Saint-Hubert, sauf que ça demeure que ce n’est rien de concret à ce stade-ci. Mais c’est de bonne guerre, ce “partenariat” est un argument de plus qui leur permet de démontrer au gouvernement qu’il y a un intérêt de la part d’une compagnie aérienne, une preuve que ça vaut la peine d’investir.
Le problème, c’est que la compagnie aérienne est loin d’être lancée. J’y arrive, mais disons simplement que Jetlines gagne aussi à forger ce “partenariat” parce que ça montre à leurs nombreux investisseurs qu’ils prennent des actions concrètes et que les choses bougent… et que peut-être un jour ils vont devenir une compagnie aérienne autrement que sur papier.
Ça leur permet de donner confiance à leurs actionnaires (leur capitalisation boursière est de 42M$, pas mal pour une compagnie en lancement depuis bientôt 3 ans).
Avant de t’en dire plus sur Jetlines, une observation comme ça: Jetlines ont l’air aussi passionnés par le fait de vendre des actions que par le fait de transporter les gens (certains diraient même plus). Je ne me rappelle pas avoir déjà vu le stock ticker (indicateur du prix de l’action) sur la page principale d’une compagnie aérienne (en haut à gauche en plus). Ni autant d’infos pour les investisseurs mises très en évidence.
Comme ils ne sont pas encore en opération, peut-être que les investisseurs sont les seuls qui visitent leur site, ça fait pas mal de sens… mais ils parlent souvent de leurs actions sur les réseaux sociaux aussi. Peut-être aussi que leur équipe provient simplement trop du milieu financier, je ne sais pas, mais c’est assez particulier!
Qui est Jetlines
Depuis le début 2016, Jetlines fait beaucoup de bruit pour dire qu’ils vont lancer leur ULCC au Canada. Ça fait maintenant 3 ans, et ils n’ont toujours pas pris possession d’un avion… ni annoncé la moindre liaison formellement.
Contrairement à Swoop et Flair qui sont bien établis et en opération depuis des mois, Jetlines prend du retard et a repoussé son lancement qui était initialement prévu en juin 2018 à une date ultérieure (qui n’a toujours pas été dévoilée).
Leurs premiers avions sont sensés être livrés dans la première moitié de 2019 selon l’entente qu’ils ont signé avec une compagnie de location. C’est pas mal le seul échéancier connu à ce jour, mais ils continuent d’annonce beaucoup de bonnes nouvelles encourageantes.
Une chose qui est étrange dans leur histoire, c’est leur obsession à répéter toujours (et souvent) qu’ils vont bientôt être le “premier vrai ULCC au Canada”… malgré que Swoop et Flair soient pourtant des ULCC qui sont bien vrais (et qui existent et sont déjà en opération eux en plus). Ils continuent pourtant de répéter cette ligne… même si c’est complètement faux, c’est juste étrange ça aussi.
On avait d’ailleurs tenté de communiquer avec des représentants de Jetlines en novembre pour avoir des commentaires, mais ils n’ont jamais répondu à notre demande. Je vais bien sûr poser la question au PDG, Javier Suarez (un vétéran des ULCC très respecté dans le milieu) dès cet après-midi lors de ma rencontre avec lui.
Bref, à ce stade-ci en tant qu’expert de l’industrie de l’aviation, je ne suis honnêtement pas sûr de si je devrais être confiant par rapport à Jetlines. J’espère qu’ils se lancent réellement, car au risque de me répéter, plus de choix pour les voyageurs c’est toujours mieux (comme avoir le choix de payer pour un bagage enregistré ou non et plein d’autres exemples), mais disons que je n’ai pas encore été convaincu par ce qui a été fait à ce jour. Ils ont embauché des dirigeants compétents récemment et ont fait plein d’annonces potentiellement positives, alors espérons qu’ils pourront mener le projet à bien.
Mais il faut aussi dire qu’aux États-Unis (325M de population) et en Europe (740M de population), ils n’ont que 3-4 ULCC majeurs chacun. Et là avec Jetlines on en aurait 3 au Canada (pour une population de 37M)… disons que 3, c’est beaucoup. Sans compter que Enerjet, un autre joueur, veut se lancer aussi (et semble bien financé).
Je pense honnêtement qu’on a encore plus de chances que Swoop et Flair ajoutent le Québec à leur réseau déjà existant…. avant de voir Jetlines décoller de Saint-Hubert.
Par contre, j’espère me tromper car je veux absolument plus d’options low-cost au Québec et tant mieux si c’est Jetlines qui l’offre, on pourra tous «participer au soulèvement contre les tarifs aériens élevés».
Sommaire
L’annonce du partenariat entre la compagnie ultra low-cost Jetlines et l’Aéroport de Saint-Hubert n’est certainement pas une mauvaise nouvelle, mais c’est loin d’être quelque chose de concret à ce stade-ci. Et ayant vu aller Jetlines depuis les dernières années, je ne suis personnellement pas hyper confiant à ce stade-ci (en espérant me tromper), alors je ne veux pas que tu te fasses trop d’espoirs!
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Il y a peut-être eu beaucoup de gens excités par cette nouvelle, mais force est de constater qu’elle a aussi malheureusement inquiétés beaucoup de citoyens de Saint-Hubert/Longueuil. Vous n’êtes sans doute pas sans savoir qu’ils ont dû intenter un gros recours collectif en 2011 contre les écoles de pilotage dont les avions survolaient leurs quartiers résidentiels à outrance à toutes heures de la journée et de la nuit. Une entente hors cours homologuée par l’Honorable juge Martin Castonguay de la Cour supérieure du Québec a eu lieu en 2015, mais cette entente ne règle vraiment pas tous les problèmes. Bien qu’elle ait permis une certaine réduction d’heures, les citoyens continuent tout de même à vivre leurs vols incessants jusqu’à 23h quotidiennement. Pendant la nuit, il y a déjà en moyenne huit départs auxquels s’est ajouté récemment celui du Boeing 737-200 de Chrono Aviation, extrêmement bruyant et qui réveille une grande partie de la population sur son passage, croyez-moi! Les citoyens de Saint-Hubert/Longueuil ne désirent pas faire fermer cet aéroport mais aimeraient toutefois qu’on considère leur droit à une qualité de vie et à la santé. Or, il est prouvé que les vols de nuit ne riment pas avec la santé des riverains. Je vous invite fortement d’ailleurs à consulter leur site internet à https://capa-l.com. Voyager à petits prix ne doit pas se faire sur le dos de citoyens qui se battent pour tenter de retrouver une certaine qualité de vie ! Merci de m’avoir lu !
Je comprend tout à fait! Je ne suis pas au courant de tous les détails de la situation précise, mais en même temps l’aéroport est là depuis 1928 aussi, donc ce n’est pas non plus comme si c’était quelque chose qui n’était pas connu des citoyens qui ont acheté des maisons, même si oui en effet le bruit peut avoir augmenté pour plein de raisons depuis (et que ça peut avoir empiré). Mais si ça peut te rassurer, comme je dis dans l’article, on est très loin de voir des vols commerciaux à YHU, du moins tant que le gouvernment fédéral ne changera pas les règles et rien n’indique qu’ils ont l’intention de le faire.
Est-ce que Swoop et Flair sont en pourparlers avec l’aéroport de Saint-Hubert?
A-t-on besoin d’une douane si au début il n’y a que des vols intérieurs? Comme cela au moins, on pourrait visiter notre province et notre pays……
Aujourd’hui, personne n’est intéressé à payer 500$ pour aller visiter l’Abitibi. A ce prix-là, c’est sûr qu’on préfère aller 2 fois aller-retour à NewYork plutôt qu’en Abitibi!
En effet haha, ça m’a coûté moins cher aller en Europe les 3 dernières fois que je suis allé, que d’aller n’importe où au Canada, et même au Québec. Le choix est facile! Mais Swoop et Flair sont tous les deux intéressés par le Québec… mais pas à long terme. J’ai discuté avec les 2 PDG récemment, ce fera l’objet d’un article sous peu.
Le problème n’est pas nécessairement les douanes à Saint-Hubert ou Trois-Rivières qui veut faire la même chose, mais plutôt les contrôles de sécurité. Le gouvernement ne veut pas payer alors qu’il finance ces services dans tous les aéroports déjà existants, c’est un enjeu complexe malheureusement!